Changer les pratiques d’hygiène de traite avec des robots est possible même si les choix sont plus contraints qu’en salle de traite. C’est l’une des voies suivies par Fabrice Jolys pour stopper la contamination de son troupeau par le staphylocoque doré.

« Nous avons beaucoup trop de mammites » commence Fabrice Jolys pour décrire la situation leucocytaire des 140 vaches Holstein qu’il élève avec son père Raymond et son frère Mathieu à Retiers, en Ille-et-Vilaine. « Avant d’injecter un antibiotique à une vache détectée mammiteuse par notre robot, nous confirmons le diagnostic avec un test CMT » précise Fabrice Jolys. En 2020, 20 mammites cliniques et 60 subcliniques ont été traitées, ce qui est bien au-dessus de la moyenne française. Au contrôle laitier, plus de 11 % des comptages cellulaires dépassent 300 000 cellules. Cependant, la paie de lait n’a jamais été pénalisée à cause des leucocytes.

 

 

Staphylocoque doré

« Les symptômes des mammites me faisaient penser à une infection par Escherichia Coli. Mais, le taux de guérison n’était pas bon. J’ai donc décidé de faire mes analyses bactériologiques à la ferme en achetant un incubateur et des kits ACCUMAST® » explique Fabrice Jolys . Ces analyses ont révélé que le pathogène le plus fréquent et le plus difficile à traiter dans l’élevage est le staphylocoque doré. Cette bactérie se développe dans la mamelle des animaux infectés et sur la peau de la mamelle et des trayons, particulièrement lorsque celle-ci présente des gerçures, des crevasses ou des plaies. Les mammites à staphylocoques sont des mammites contagieuses et la transmission des bactéries d’un quartier infecté vers un quartier sain ou d’un animal à l’autre se passe principalement pendant la traite. Elle peut se faire par les mains du trayeur, une lavette ou une brosse mal désinfectée, au contact d’un manchon contaminé ou, suite à la pénétration des bactéries dans la mamelle pendant la traite.

Pour éviter les contaminations dans le troupeau, le bon fonctionnement de l’installation ainsi que l’hygiène de traite sont donc fondamentaux. Charlie Rambaud, chef de marché chez Neolait, l’entreprise qui approvisionne l’élevage en produits d’hygiène de traite, recommande l’utilisation d’un produit désinfectant avec un pouvoir cosmétique pour renforcer la qualité de la peau du trayon et pouvant être utilisé en pré-traite pour bien nettoyer et désinfecter les trayons. « En traite robotisée, ces techniques d’hygiène sont plus difficiles à mettre en œuvre alors que le nombre de traites augmente les probabilités de contamination ainsi que les risques d’agression des trayons » reconnait-il. En effet, les seuls produits utilisables sont des produits liquides et seul le robot De Laval permet de pulvériser un produit désinfectant avant la traite. « En traite robotisée, le choix d’un produit de post-trempage ayant une action désinfectante rapide et qui soit cosmétique pour protéger la peau des trayons est donc recommandé pour lutter contre les mammites à staphylocoque doré » analyse Charlie Rambaud.

 

 

Pulvérisation en pré-traite

Fabrice Jolys a réagi en changeant son précédent produit de post-traite iodé pour Hycolin Pré-Post utilisable en pré et post-traite. « Mon vétérinaire, m’a conseillé d’utiliser un produit ayant un alcool pour agent désinfectant car, selon lui, cela permet d’éliminer très rapidement les pathogènes avant qu’ils n’entrent dans le trayon. Hycolin a, également, des effets cosmétiques plus importants » justifie l’éleveur. Suite à la révélation de la contamination par le staphylocoque doré, il le pulvérise également en pré-traite, son robot De Laval le permettant. « L’objectif recherché est de désinfecter les trayons avant la traite. Comme le robot lave les trayons juste après la pulvérisation de pré-traite, l’action flash de l’alcool est intéressante » explique Fabrice Jolys. Cette désinfection de pré-traite n’est totalement efficace que si les mamelles sont relativement propres à l’entrée dans le robot. L’éleveur surveille également que la température de l’eau de lavage des trayons reste à 36°C pour éviter les gerçures sur la peau du trayon et désinfecte les gobelets après chaque traite.

Il est également vigilant à l’état de propreté des animaux car, selon lui, « en traite robotisée, la propreté des mamelles est encore plus importante qu’en salle de traite car le process de lavage est standardisé et ne s’adapte pas automatiquement à l’état des mamelles ». Les poils de la mamelle (un véritable réservoir à microbes !) sont épilés tous les trois mois en même temps que les poils de l’extrémité de la queue sont tondus ; les aires d’exercice sont raclées huit fois par jour ; les logettes sont nettoyées matin et soir et le robot de traite est lavé quotidiennement et de façon approfondie toutes les semaines.

« Depuis un mois et demi, j’ai noté quatre mammites. Si cette tendance se poursuit, notre objectif de réduire le nombre de mammites autour de 30 à 40 par an est atteignable. Moins serait mieux, mais ce niveau est acceptable » espère, combatif, Fabrice Jolys.

 

 

CHARLIE RAMBAUD, CHEF DE MARCHÉ HYGIÈNE DE TRAITE CHEZ NEOLAIT.

« Nous commercialisons une large gamme de produits d’hygiène de la mamelle en pré et post-traite. Tous ont un pouvoir désinfectant, validé par leur AMM, contre les principaux germes responsables des mammites que sont Escherichia Coli, les streptocoques et les staphylocoques. Les différentes matières actives utilisées se distinguent par leur rapidité et leur durée d’action. La peau est le premier rempart contre les pathogènes. La traite, le froid et l’humidité sont des facteurs qui peuvent altérer sa résistance et favoriser le développement de pathogènes de réservoir comme le staphylocoque. Pour préserver la peau des trayons, les produits d’hygiène de traite ont un effet cosmétique plus ou moins important selon leur composition en agents hydratants et nourrissants. Les produits de post-trempage se distinguent également par leur présentation qui permet de s’adapter aux modes d’application et à la durée de protection.

En fonction de la facilité à maintenir les vaches propres, de la pression infectieuse et de l’acceptation des éleveurs investir dans leurs points faibles, les technico-commerciaux Neolait vont recommander le produit le mieux adapté. En traite robotisée, les choix sont plus limités en ne donnant accès qu’à des produits liquides à pulvériser utilisés presqu’exclusivement en post-traite. Mais, entre un produit liquide à base de chlorhexidine ou d’iode et aux effets cosmétiques limités et un produit plus élaboré comme Hycolin Pré-Post, il y a une véritable différence en matière de mode d’action désinfectante et de protection de l’intégrité de la peau du trayon ».

Article issu du magazine Neolait : L’éleveur de France N°12

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