Baisser la balance anions-cations (BACA) en préparation au vêlage limite les risques de fièvre de lait ou d’hypocalcémie subclinique. Cette pratique est bénéfique si elle est correctement pilotée : choix des matières premières, respect des recommandations, notamment l’apport en calcium.

 

Dès le démarrage en lactation, la vache voit grimper ses besoins en calcium, mais elle n’en a pas assez dans sa ration pour les couvrir. Elle doit alors aller puiser ce calcium dans son squelette pour couvrir les exportations vers le lait. Il est donc nécessaire de la préparer avant le vêlage et de stimuler la mobilisation du calcium osseux, afin d’éviter l’hypocalcémie clinique ou subclinique. Ce système est activé en réduisant la BACA en fin de tarissement, et donc en favorisant une légère acidose métabolique.

La BACA s’exprime comme un différentiel entre les principaux cations (sodium et potassium) et anions (chlore et soufre).  BACA = [Sodium + Potassium] – [Chlore + Soufre]

 

Comment ajuster la BACA d’une ration ?

La BACA s’ajuste en apportant des anions dans la ration. Attention toutes les sources n’ont pas les mêmes effets sur la BACA ainsi que sur l’appétence finale de la ration. Outre ces matières premières, il existe des mélanges intégrant des anions pour ne pas avoir les inconvénients sur l’appétence.

 

 

Quelles sont les recommandations ?

Il existe beaucoup d’avis parfois divergents ainsi que certains dogmes sur les recommandations de niveau de BACA, aussi bien dans la littérature scientifique que sur le terrain. Le point clé est avant tout de connaître l’objectif final de l’éleveur. Ne plus avoir de fièvre de lait clinique n’est pas du tout la même chose que de réduire les hypocalcémies subcliniques. Pour ce faire Neolait préconise trois niveaux de recommandations :

 

Outre ces recommandations, il est central d’ajuster les apports en calcium en corrélation avec le niveau de la BACA, aux risques d’une recrudescence de fièvres de lait avant vêlage et d’augmentation des fractures. En effet une BACA négative augmente significativement les besoins en calcium.

 

Comment juger si la BACA de la ration des taries est ajustée ?

Une bonne BACA, c’est avant tout des vaches qui n’ont pas ou peu de troubles métaboliques au démarrage en lactation, qui ont assuré de bonnes montées au pic… C’est bien l’objectif de toute bonne préparation.

Les pH urinaires sont souvent cités pour contrôler l’acidification métabolique. Cela est valable à certaines conditions :

 

Pour une ration à BACA négative (entre -100 et -150meq/kg MS), la cible de pH urinaire à atteindre est entre 6,2 et 6,5. Il n’y a pas d’intérêt technique à descendre plus bas, au risque d’installer la vache en acidose métabolique durable ayant des répercussions négatives sur ses performances : perte d’état, baisse d’ingestion, altération de la réponse à l’insuline, baisse de la production en lactation, augmentation des risques de mort-nés, etc. (Lopera et al., 2018 ; Vieira-Neto et al., 2021 ; Melendez et al., 2021 ; Hassanien et al. 2022).

 

Il est indispensable de surveiller l’ingestion, indicateur majeur pour vérifier que la réduction de la BACA n’est pas trop pénalisante avec des niveaux bas. L’ingestion doit être au minimum de 11,5 kg MS trois semaines avant vêlage. Au-delà de l’inappétence de certains additifs comme les chlorures, l’ajout d’anions dans la ration a tendance à faire baisser l’ingestion des vaches.

 

En synthèse :

  1. Analysez les ingrédients de la ration pour connaître les niveaux exacts en anions-cations
  2. Avant d’intégrer un additif, veillez à choisir des fourrages et aliments faibles en BACA pour avoir une ration inférieure à 150 meq/kg de MS. Ainsi, préférez le colza au soja, la paille au foin…
  3. Ajustez le niveau en BACA en fonction des objectifs : réduction des fièvres de lait, des hypocalcémies cliniques, subcliniques…), tout en veillant à apporter le calcium nécessaire.
    1. Niveau 1 : gestion des fièvres vitulaires : BACA entre +50 et 150 meq/Kg MS
    2. Niveau 2 : sécuriser les plus fortes productrices et limiter la fréquence d’hypocalcémies subcliniques : BACA entre +50 et 0 meq/kg MS
    3. Niveau 3 : réduire plus fortement la prévalence des hypocalcémies subcliniques et favoriser les démarrages en lactation : BACA entre 0 et -150 meq/kg MS
  4. Vérifiez régulièrement le niveau d’ingestion (minimum : 11,5 kg MS, 15 à 20 jours avant vêlage) et la qualité des fourrages

 

pH urinaire de vaches taries en fonction du niveau de BACA de la ration

Corrélation entre la BACA de la ration en préparation vêlage et le pH urinaire, issue d’une méta-analyse regroupant 42 articles publiés.

Santos et al., 2019 J. Dairy Sci. 102:2134-2154

 

Spanghero, 2004. Animal Feed Science and Technology 116:83–92

Santos et al., 2019. Journal of Dairy Science 102:2134-2154

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