La réduction des émissions de gaz à effet de serre des élevages est une attente sociétale que la filière laitière a bien perçue. Des éleveurs sont déjà engagés dans ce défi, des leviers techniques sont identifiés… avec à la clé une valorisation économique de cet engagement.

La COP26 qui réunit 120 dirigeants pour discuter d’un plan d’action contre le réchauffement climatique, ainsi que les attentes sociétales, poussent les acteurs de la nutrition animale à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Pour répondre au mieux à ces attentes, il est important de cerner ce qu’est l’empreinte carbone, quelles en sont les causes et les conséquences… et ce, afin de pouvoir mettre en place des leviers d’action pour la réduire.

 

 

Impact de l’empreinte carbone

L’empreinte carbone est un indicateur qui vise à mesurer l’impact d’une activité sur l’environnement et plus particulièrement les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à cette activité. Celles-ci sont généralement exprimées en dioxyde de carbone équivalent ou CO2e.

Les GES de l’élevage, dont les ruminants pèsent pour 80 %, représentent 19% des émissions françaises. Le dioxyde de carbone (CO2), le protoxyde d’azote (N2O) et le méthane (CH4) sont les principaux GES rencontrés en élevage de ruminants. Leurs origines sont présentées dans la figure 1.

Cependant, ces GES ne contribuent pas tous de la même façon au réchauffement climatique. En effet, le poids du méthane est 34 fois plus élevé dans le réchauffement climatique que le dioxyde de carbone. Le protoxyde d’azote y contribue 298 fois plus. Mais l’élevage a l’avantage de pouvoir stocker du carbone. Cependant, l’équilibre entre émissions et stockage reste déficitaire (cf figure 2).

 

 

Evaluer l’empreinte carbone

Il existe différentes démarches d’évaluation des émissions de gaz à effet de serre.

Cap’2Er : son objectif est de cerner les enjeux environnementaux de l’élevage, de recueillir les données et d’identifier des leviers techniques qui permettront à l’éleveur de travailler pour diminuer son empreinte carbone.
Dans cet audit, l’auditeur va récupérer un grand nombre d’informations : les effectifs, leur production, la gestion des effluents, des intrants… Une empreinte nette, exprimée en kg équivalent CO2 par litre de lait est alors déterminée. Des leviers d’actions pourront être mis en œuvre afin de réduire cette empreinte. Ces leviers concernent la diminution des émissions et l’augmentation du stockage de carbone.
L’empreinte carbone nette des élevages laitiers est en moyenne de 0,83 kg éq. CO2/litre de lait en France. Les écarts entre exploitations sont importants : les 10 % les plus décarbonées affichent 0,67 kg éq. CO2/l. Tandis que les moins décarbonées sont à 0,99 kg éq. CO2/l.

La Ferme Laitière Bas Carbone : cette initiative, lancée en 2015, est portée et développée par le CNIEL. Ce label vise à promouvoir des pratiques agricoles et des leviers d’action afin de réduire de 20% l’empreinte carbone du lait produit d’ici 2025.
C’est une valorisation de la démarche d’engagement dans les audits Cap’2ER et de la mise en place de leviers d’amélioration. Plus de 14 600 éleveurs participent déjà à cette démarche.

Haute Valeur Environnementale : elle est basée principalement sur les principes de l’agroécologie et de la réduction des produits phytosanitaires. Tout comme CAP’2ER, elle a pour objectif d’identifier des leviers afin de réduire les émissions de GES. Cette démarche est principalement utilisée aujourd’hui en agronomie (viticulture et grandes cultures).

 

 

Valorisation financière de la réduction des GES

France Carbon Agri Association met en relation des demandeurs de crédits carbone. D’un côté, il s’agit d’entreprises qui ont l’obligation de réduire leurs émissions ou qui souhaitent le faire volontairement. De l’autre, les offreurs sont des éleveurs qui réalisent un diagnostic de leur exploitation.

L’engagement dans cette démarche se déroule sur cinq années. Les éleveurs sont ainsi rémunérés de leurs efforts de réduction de gaz à effet de serre produits sur leur exploitation.

 

 

Comment cela se passe pour l’éleveur

Dans un premier temps, un bilan des pratiques détermine un point de départ. Pour cela, il faut faire intervenir un organisme certifié Cap’2ER qui passera en revue les différents postes technico-économiques de l’exploitation pour en déduire son niveau d’émission.

Ensuite, les leviers d’amélioration sont identifiés. Les pistes sont nombreuses, voici quelques exemples :

Au final, l’éleveur peut s’engager dans une démarche de valorisation de crédits carbone en se rapprochant de l’association France Carbon Agri : celle-ci mettra en relation des éleveurs – ou offreurs – avec des porteurs de projet.

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