Faire du lait, de manière régulière, avec une bonne qualité fromagère et des vaches en bonne forme. Le tout avec de l’herbe pâturée et du foin. Ce sont les principaux axes du Gaec de la Brume, Les Fins dans le Doubs. Ses 55 montbéliardes produisent 8 069 kg de lait à 38,3 de TB et 33,3 de TP.

Le Gaec de la Brume sait faire vieillir ses montbéliardes. Ventoline (Masolino x Nacobi) est née en décembre 2004. Toujours active à 16 ans, elle a vêlé de son 13e veau cet été et affiche une production totale de 107 517 kg. La 2e vache plus âgée du troupeau est née en 2010… « Ventoline ne nous a jamais posé de souci, ni en reproduction, ni en boiteries, ni en lactation… elle nous a fait un veau par an », précise Bruno Billod Laillet, associé avec son épouse Marielle, depuis janvier 2019.

 

 

Un triple objectif

Mais les records de longévité ne sont pas la priorité de cet élevage doubiste, qui renouvelle son troupeau, avec une quinzaine de génisses chaque année. La plupart des vaches font trois vêlages… L’objectif est triple : productivité, régularité et qualité du lait. 90 % des 414 000 litres du Gaec vont à la production de Comté. Une AOP pour laquelle ensilages de maïs ou d’herbe sont exclus. Si le prix du lait atteint 597 €/1 000 litres en cours d’année, « nous avons des frais élevés de structure et de conduite alimentaire… », explique Bruno Billod-Laillet. « Régularité des livraisons et qualité fromagère du lait sont indispensables au Comté. Avec des vaches à 8000 kg et plus, nous devons gérer au mieux la santé et le bien-être de nos vaches ».

La boiterie est le principal souci pour ce troupeau : cerises, décollement… « Nos vaches semblent avoir les pieds fragiles ». C’est pourquoi Bruno Billod Laillet distribue, en début de lactation, un aliment contenant de la biotine, qui intervient entre autres dans la synthèse de la kératine. Et il administre un bolus Dietévit Onglons à certaines vaches au tarissement. Les plus fragiles sont réformées.

 

 

Vigilance sur les taux

Le taux cellulaire est une autre cause de réforme. Il se situe aujourd’hui à moins de 150 000 cellules/ml. Les mammites cliniques sont peu fréquentes. « Nous devons être très vigilants », insiste Marielle. Il est difficile d’identifier précocement une vache ayant potentiellement un problème au sein de la mamelle. « Nous devons absolument limiter les risques de contaminations entre vaches, en particulier au cours de la traite ». Des actions précises assurent l’hygiène de traite. « Nous procédons à un essuyage des trayons à sec avec papier, puis on tire les premiers jets », détaille Marielle. Ensuite, « nous trempons les trayons avec le Mammibio Expert après la traite ». Si une vache est traitée pour mammite, sa griffe est lavée à l’eau après son passage dans la salle de traite épi 2×6, équipée de compteurs à lait, du décrochage automatique, d’un alimentateur et de la brumisation depuis 2014. Et Marielle de rappeler que « le cahier des charges du Comté interdit la désinfection des griffes pendant la traite… ».

 

 

Renforcer l’immunité

Le Gaec de la Brume travaille en amont, avant les vêlages, pour assurer la vitalité des veaux, renforcer l’immunité et la fécondité des vaches. « Nous avions pesé le colostrum au départ, qui s’était révélé de bonne qualité. Depuis on ne le pèse presque plus ». Les veaux boivent le lait maternel pendant cinq jours puis du lait en poudre, avec un sevrage à trois mois. En complément du lait, ils ont un aliment spécifique et de la paille. Au sevrage, ils quittent leur nursery, avec cinq niches individuelles et deux boxes, pour rejoindre une petite stabulation. Là, ils ont du foin à volonté et un aliment génisses jusqu’à leur sortie. « Notre objectif est de mettre les génisses à la reproduction à 18-20 mois pour les faire vêler à 27-29 mois », explique l’éleveur. Pour deux paillettes par IA, avec comme objectif de descendre à 1,5-1,6. Au vêlage, un bolus de calcium, Dietevit Calcivel, est administré aux vaches qui ont tendance à prendre de l’état.

 

 

Un tarissement parfois court

Autre période clé : le tarissement, de 50 à 60 jours, voire moins. « Nous nous adaptons à la place disponible dans la stabulation », explique Bruno. « Nous n’avons aucun problème à moins de 50 jours, nous n’observons aucune différence sur les veaux ou les lactations ». Concernant l’administration d’un intra-mammaire, « j’avais allégé le protocole au tarissement », se rappelle l’éleveur. « Les effets n’ont pas tardé : quelques vaches ont vu leur taux cellulaire augmenter ».

Depuis, les éleveurs ont mis en œuvre un nouveau protocole, avec un antibiotique intra-mammaire classique pour les vaches à moins de 200 000 cellules, un autre plus technique pour les autres vaches. « Je réduis ainsi la note globale en intra-mammaires tout en sécurisant avec le second produit ». Les vaches aux taux cellulaires les plus élevés ont droit à un bolus Diétévit Vitalité. « J’en donne aussi un à Ventoline tous les 40 jours… ». Le privilège de l’âge ! Sinon, toutes les vaches ont un bolus Diétévit VA au tarissement, ainsi que les génisses gestantes lors de leur mise à l’herbe.

 

 

Un parcellaire morcelé

Ce bolus assure une bonne couverture minérale et vitaminique sur 150 jours alors que les vaches sont au pâturage sur une vingtaine d’hectares à proximité de la stabulation. Dix autres hectares font l’objet de deux coupes puis sont consacrés au pâturage. Les 58 autres ha de SAU, tous en herbe aussi, sont morcelés. « Il y a beaucoup de propriétaires et d’exploitations dans notre zone », explique Bruno. « Nous avons déjà fait beaucoup d’échanges pour optimiser nos surfaces ». Les refus sont fauchés après 7-8 jours de pâturage. Lorsque le volume est suffisant, le foin est séché pour les génisses. Les vaches ont un à deux kilos de foin en stabulation l’été, matin et soir, voir un peu plus cet été particulièrement sec. « En période de sécheresse, je laisse de plus grandes surfaces à disposition des vaches. Je n’ai jamais vu les parcelles aussi jaunes qu’en juillet de cette année ».

Les vaches sont rentrées en stabulation dès le 1er novembre. Le foin et le regain de 2e coupe composent respectivement les deux tiers et le tiers de la ration calée à 18-20 kg bruts. Celle-ci est complétée avec une VL 18 (en salle de traite) et si nécessaire les éleveurs ajoutent du tourteau ou une luzerne ou VL22, selon la qualité du foin, distribués manuellement à l’auge.

Article issu du magazine Neolait : L’éleveur de France N°11.

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