Le coût de renouvellement pèse 6,5 % du coût de production total. Il mérite d’être au cœur de la stratégie d’un élevage laitier. Le réduire passe par la maîtrise du nombre de génisses élevées et du taux de réforme.

Le coût de renouvellement s’élève à 21,3 €/1000 litres en moyenne sur les clôtures comptables du 4ème trimestre 2020*. Il tombe à 14,1 €/1000 litres pour les 25% des élevages qui ont le coût de production le plus faible. Cette différence repose principalement sur le nombre de génisses élevées et le taux de réforme. Optimiser la stratégie de renouvellement est un des leviers prioritaires pour la pérennité de l’exploitation.

 

 

3e poste de charge

A 6,5 %, le coût du renouvellement est le 3e poste de charges en élevage. Le coût de production s’élève en moyenne de 330,2 €/1000 l au 4ème trimestre 2020. Le coût alimentaire étant le premier poste (29,9%), devant les frais de mécanisation et d’amortissement du matériel (22,5%).

Ce coût de renouvellement correspond à la différence entre les produits (vente de vaches de réformes, de génisses amouillantes et de vaches en lait) et les charges (coût d’élevage des génisses, achat de génisses amouillantes et de vaches en lait).

 

 

L’adapter à son contexte

L’objectif de taux de renouvellement varie selon le contexte propre à chaque exploitation. Dans tous les cas, c’est le nombre de vaches réformées qui doit définir le nombre de génisses à élever, et non pas l’inverse. Le renouvellement a pour objectif de couvrir les vaches à réformer (infertilité, infections mammaires…) et les vaches avec lesquelles l’éleveur ne souhaite plus travailler. Il faut aussi prévoir une marge de sécurité pour s’adapter au contexte (pertes éventuelles de vaches, litrage supplémentaire attribué par la laiterie en cours de campagne…). Pour un troupeau en rythme de croisière, le taux de renouvellement ne doit pas dépasser 35%.

 

 

Les gains du sexage

Pour favoriser le progrès génétique, il est intéressant d’inséminer les meilleures vaches et génisses du troupeau avec de la semence sexée. L’éleveur peut d’ailleurs utiliser le génotypage pour choisir les femelles qui serviront à son renouvellement. Les autres femelles seront inséminées avec de la semence conventionnelle ou en croisement avec une race à viande. En utilisant cette stratégie, il est possible de gagner 8 points d’ISU. Or, selon l’Idèle, chaque point d’ISU supplémentaire augmente la rentabilité de 5€ (gain sur le TB, le TP, la quantité de lait, la réduction des taux cellulaires…), soit une marge supplémentaire de 40 € par génisse.

 

 

Bien utiliser la semence sexée

Malgré tout, la semence sexée engendre une dérive dans certaines exploitations, avec l’élevage d’un trop grand nombre de génisses. En effet les éleveurs ont l’habitude d’élever toutes leurs génisses. Si le nombre de femelles inséminées avec de la semence sexée dépasse le besoin de renouvellement, le surnombre de génisses engendre des surcoûts importants… sans oublier la surcharge de travail, la densité élevée d’animaux dans les bâtiments, et parfois un manque de stocks de fourrages. Attention donc à utiliser à bon escient la semence sexée !

 

 

Privilégier le vêlage précoce

Le coût de revient d’une génisse prête à vêler s’élève à 1 165 € pour un vêlage à 24 mois. Il atteint 1 555 € pour un vêlage à 33 mois. Autrement dit, l’éleveur gagne 40 € supplémentaires par génisse en réduisant d’un mois l’âge au vêlage.

Comme le montre une synthèse sur vingt années d’élevage des génisses de la ferme expérimentale des Trinottières (Chambre d’Agriculture des Pays de Loire), les génisses vêlant précocement (âge moyen de 24,7 mois) ont un poids au 1er vêlage inférieur à celui des génisses vêlant tardivement (33 mois). Mais elles rattrapent leur retard au 3e vêlage.
Si le vêlage précoce réduit la production de 300 kg de lait sur la première lactation, la vache produira 1 000 kg de lait en plus sur l’ensemble de sa carrière laitière grâce à une meilleure longévité. Au final, la proportion de jours productifs dans la vie des génisses vêlant à 2 ans est plus importante, avec un gain de 1,9 kg de lait par jour de vie (14,1 vs 12,2 kg pour les génisses vêlant à 33 mois).

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