Avec l’augmentation des niveaux de production, l’énergie devient régulièrement le facteur limitant dans les rations des vaches laitières hautes productrices.

Dans ces situations, des réflexions peuvent être conduites sur la qualité des fourrages (choix variétal, date de récolte, conservation, …) ainsi que sur les sources d’énergie présentes dans la ration.

L’ajout de matières grasses est une option retenue par certains éleveurs. Sa densité énergétique élevée en fait en effet une solution intéressante mais certaines recommandations doivent être respectées afin de ne pas pénaliser l’ingestion et les performances.

Utilisation de la matière grasse par la vache laitière

Les rations pour vaches laitières contiennent généralement entre 2,5 et 3% de matières grasses par kilo de matière sèche. Une fois dans le rumen, la matière grasse subit une hydrolyse qui libère des acides gras insaturés (AGI) et des acides gras saturés (AGS). Les AGI, toxiques pour la flore du rumen, sont en partie transformés par biohydrogénation en AGS afin d’être valorisés par l’animal.

Les acides gras passent ensuite dans l’intestin où ils sont absorbés puis estérifiés sous forme de triglycérides. Une fois dans la circulation sanguine, les triglycérides sont orientés vers divers organes en fonction du statut de l’animal. Chez la vache en lactation, les triglycérides contribuent à la synthèse de la matière grasse du lait dans la mamelle. Une partie d’entre eux est également utilisée pour la synthèse de tissu adipeux et favoriser la reprise d’état. Dans le cas de rations déficitaires en énergie, les triglycérides issus de l’alimentation sont orientés vers le soutien du statut énergétique et de la production laitière.

Schéma simplifié du métabolisme des lipides chez la vache laitière

Schéma simplifié du métabolisme des lipides chez la vache laitière

Intérêts et limites de la supplémentation en matières grasses des rations pour vaches laitières hautes productrices.

La matière grasse présente une densité énergétique très élevée : jusqu’à 3,9 UFL/kg brut. Elle apparaît donc comme une solution intéressante pour densifier les rations déficitaires en énergie.

De plus, la matière grasse ne fermente pas dans le rumen, elle n’est donc pas acidogène contrairement aux céréales à paille. Dans les cas de rations riches en amidon et/ou glucides fermentescibles, diversifier les sources d’énergie via l’apport de matière grasse, permet de limiter les risques d’instabilité ruminale tout en maintenant une production laitière élevée.

Malgré ses atouts, l’utilisation de matières grasses, comme tout autre aliment, doit se faire de manière raisonnée et équilibrée avec le reste de la ration (auge et complémentation).

Il est recommandé de ne pas excéder 5% de matières grasses dans la matière sèche ingérée (soit 2 à 3 points de matière grasse apportés par la supplémentation). Au-delà, l’excès de matières grasses pénalise la flore ruminale. La ration est donc moins bien valorisée et les performances diminuent. Le choix du type de matières grasses utilisé est également important.

Les sources de matières grasses riches en acides gras insaturés, telles que l’herbe jeune, les tourteaux de colza gras et le tourteau de lin, sont à utiliser avec précaution en raison de l’effet toxique que peuvent avoir ces acides gras sur la flore de rumen et de leur implication dans le phénomène de dépression du taux butyreux. Pour limiter ces interactions négatives, les aliments complémentaires riches en matières grasses que l’on retrouve sur le marché subissent pour la plupart des traitements. La saponification, l’hydrogénation et le fractionnement sont les principaux procédés utilisés.

Néanmoins, tous ne permettent pas la même efficacité de protection ni d’obtenir le même profil en acides gras dans le produit fini. Les matières grasses saponifiées par exemple ne sont pas stables en situation de pH ruminal faible (pH < 6,5) contrairement aux matières grasses hydrogénées et fractionnées.

Classement des fourrages

Classement des fourrages

 

 

 

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